Un texte écrit pour nous...

Publié le par Laurent

 

La nécessité de s’emmitoufler, de se barricader contre le froid, sape à la base toute jouissance, qui n’est possible qu’à l’air et dans la liberté. Le Bonheur est avant tout une question de climat. On voit inscrit sur certains thermomètres, en face de la ligne qui indique le seizième degré : “Chambre de malade”, et, en face de la ligne du quarantième degré : “Fièvre chaude”. Je voudrais lire le mot “Bonheur” sur la ligne des 25 degrés.

Tel se plaint d’un dur hiver à Paris, mais rien ne le force à y être, que la plus vulgaire de toutes les passions, la vanité, bien nourrie par cette capitale. Le conseil de la Provence, c’est de quitter les singeries du siècle, l’importance, la curiosité stérile et le vibrionnage intégral, pour vivre, au soleil, une vie plus modérée, plus aérée, plus détendue, plus insouciante, résumons cela en deux mots : plus naturelle et plus désintéressée. Cette sorte d’existence est celle qu’ont recommandée, depuis la naissance du monde, l’unanimité des philosophies et l’unanimité des religions : un tel accord devrait convaincre. – “ Mais il faut que je gagne ma vie ! “ – Réduisez vos besoins, et vivez à moindres frais dans quelque retraite méridionale. Guérissez-vous-y de ces trois vices : le travail pour le travail, l’action pour l’action, et la rage de faire figure, qui vous retenaient dans le Nord insensé.

 

 

Henry de Montherlant, 1929

 

Publié dans Cambodge

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